Le vietnam

Pourquoi tant de Vietnamiens s’appellent Nguyen ?

Un voyage historique et culturel à travers les “Nguyen”, “Tran” et “Le”

Si vous avez déjà eu un ami vietnamien, il y a de fortes chances qu’il s’appelle Nguyen. Et si vous en connaissez plusieurs, vous aurez peut-être remarqué qu’ils portent souvent les mêmes noms de famille : Nguyen, Tran, Le, Pham ou Hoang.
Mais pourquoi une telle répétition ? Est-ce un hasard ? Une tradition ? Une règle ? Plongeons ensemble dans l’histoire fascinante de ces noms si typiques du Vietnam !

Une question de dynasties… et de survie
Tout commence avec l’histoire politique du Vietnam. Le pays a été gouverné pendant des siècles par des dynasties royales. Parmi elles, les Nguyen (1802–1945) ont laissé une empreinte particulièrement durable. Pendant leur règne, il était courant — et parfois obligatoire — que les citoyens adoptent le nom de famille de la dynastie au pouvoir, par loyauté… ou par prudence.
Changer de nom de famille pour celui du roi permettait souvent d’éviter des ennuis. Parfois même, c’était un acte de survie. Imaginez que vous vous appeliez comme un ancien souverain renversé : cela pouvait devenir très dangereux. Résultat : beaucoup de Vietnamiens ont abandonné leur nom d’origine pour adopter celui des puissants du moment.

Des noms de famille… mais pas de lignées
Au Vietnam, le nom de famille ne désigne pas toujours une lignée unique. Des millions de Vietnamiens s’appellent Nguyen, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont tous de la même famille. Contrairement à d’autres cultures, le nom ne suffit pas à identifier un lien de parenté.
C’est le prénom, souvent composé de plusieurs éléments, qui permet de distinguer les individus. Et dans les documents officiels, c’est parfois l’ordre complet (nom + prénoms) qui est utilisé pour éviter les confusions.

Une société égalitaire… ou presque
La simplification des noms peut aussi s’expliquer par une volonté d’égalitarisme. Dans une société influencée par le confucianisme, la distinction sociale par le nom n’était pas toujours bien vue. Adopter un nom commun permettait de gommer les différences de classe et de se fondre dans la communauté.
De plus, les familles nobles ou royales ne voulaient pas forcément qu’on utilise leur nom sans raison. Il n’y avait donc pas une grande incitation à multiplier les patronymes.

Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, près de 40 % des Vietnamiens portent le nom Nguyen. Suivent les Tran, Le, Pham, Hoang et quelques autres, pour un total d’une centaine de noms… utilisés par près de 100 millions de personnes ! En comparaison, en France, on compte plus de 1 000 000 de noms de famille différents.
Mais cela ne gêne pas les Vietnamiens. Bien au contraire, cette particularité fait partie de leur identité collective. Et cela renforce l’importance du prénom et du lien familial au-delà du nom lui-même.

En bref : un nom, une histoire
Ce que l’on voit comme une curiosité est en réalité le reflet d’une histoire mouvementée, marquée par les bouleversements politiques, les traditions culturelles et un attachement profond à la communauté.
Alors, la prochaine fois que vous rencontrerez un(e) Nguyen, vous saurez que ce nom est bien plus qu’un mot : c’est un fragment vivant de l’histoire du Vietnam.